Pourquoi ce blog 

Les époques réactionnaires comme la nôtre non seulement désagrègent et affaiblissent la classe ouvrière en isolant son avant-garde, mais aussi abaissent le niveau idéologique général du mouvement en rejetant la pensée politique loin en arrière, à des étapes dépassées depuis longtemps. Dans ces conditions, la tâche de l'avant-garde est avant tout de ne pas se laisser entraîner par le reflux général. Il faut aller contre le courant. Si le rapport défavorable des forces ne permet pas de conserver les positions politiques précédemment occupées, il faut se maintenir au moins sur les positions idéologiques, car c'est en elles qu'est concentrée l'expérience chèrement payée du passé. Une telle politique apparaît aux yeux des sots comme du « sectarisme ». En réalité elle ne fait que préparer un nouveau bond gigantesque en avant, avec la vague de la prochaine montée historique.

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L’existence de la RT/TSI/LCI a traversé plusieurs périodes historiques. Née sur la nature de la Révolution cubaine, se distinguant avec son soutien pour la défaite de l’impérialisme US face au Vietnam, la SLUS/TSI a ensuite été à son poste pour défendre l’URSS contre les impérialistes dans la deuxième guerre froide lancée par Carter et Reagan. Celle-ci représentait un tournant qui, malheureusement, s’est terminé par la destruction de l’URSS (et de tous les États ouvriers déformés d’Europe de l’Est). Cette défaite historique de la classe ouvrière mondiale a ouvert une nouvelle période historique dans laquelle nous sommes toujours, la période post-soviétique qui aura été fatale à la LCI.

Fatale pour trois raisons principales : la TSI/LCI n’était pas préparée politiquement et organisationnellement à la destruction de l’URSS ; le bilan qu’elle en a tiré n’a jamais cherché à comprendre en quoi son intervention n’était absolument pas en adéquation avec la réalité des classes ouvrières (en Allemagne de l'Est/DDR, en URSS et ailleurs) et en quoi son programme ne pouvait et n’a eu aucune prise sur les événements ; les perspectives de la direction de la LCI après la destruction de l’URSS n’ont jamais ni anticipé ni pris en compte les conséquences désastreuses de cette terrible défaite. Nous examinerons donc ces périodes cruciales qui ont nourri et amené à la démoralisation qui a rendu possible la dégénérescence finale de la LCI.

Les conséquences de la destruction de l’URSS

La fin de l’URSS a mis fin au « front » antisoviétique des pays impérialistes et les rivalités inter-impérialistes ont pu se raviver. Cependant, jamais l’hégémon US n’a été menacé, celui-ci veillant scrupuleusement, grâce à sa puissance, – économique et militaire –, à affaiblir les potentiels rivaux dès que ceux-ci prenaient des forces.

Les reculs du mouvement ouvrier organisé

Une des conséquences de ces rivalités a été que chacun des impérialistes a redoublé ses attaques contre le mouvement ouvrier, à commencer par les acquis historiques, pour être plus compétitif que son concurrent. Ils ont pu mener toutes ces attaques avec la complicité des directions réformistes du mouvement ouvrier car celles-ci, « face à la concurrence », se sont ralliées aux intérêts de leurs propres bourgeoisies et les ont accompagnés (et les accompagnent toujours) au nom de la défense de « la nation » ou de « l’entreprise ». Ces « lieutenants-ouvriers du capital », pour préserver les quelques miettes que les impérialistes leur distribuent en échange de leurs loyaux services, sont parvenus à détourner, saboter ou épuiser la résistance et les luttes des ouvriers. Réussissant leurs attaques, les capitalistes ont fait régresser le niveau de vie, les conditions de travail, la santé, l’éducation, etc. de la classe ouvrière.

Car ils ont rogné, petit à petit, sur tout ce qu’ils pouvaient afin d’être plus performants que leurs concurrents. Dans cette course aux profits chaque régression obtenu par un impérialisme oblige ses concurrents non seulement à s’aligner mais à fourbir une nouvelle attaque amenant un nouveau recul, dans une spirale vers le bas sans fin pour les ouvriers. Depuis trois décennies on a ainsi assisté à une explosion de la sous-traitance, de l’intérim, des externalisations, des coups pour affaiblir les syndicats, etc., avec comme résultat une précarité et une individualisation qui ont fragilisé la classe ouvrière.

La recherche des meilleures productivité et profitabilité face aux concurrents s’est aussi traduite par un regain et une augmentation exponentielle de la « mondialisation » (qui n’avait jamais disparue). De façon classique, les impérialistes ont été transférés des millions d’emplois vers des pays où les coûts de production étaient plus avantageux pour eux. Des transferts qui ont entraîné, dans les pays impérialistes, un développement du chômage, utilisé par les patrons pour faire du chantage vis-à-vis de la classe ouvrière et tenter de freiner les résistances. Mais qui ont conduit au développement de la classe ouvrière (voire son émergence) dans les pays récupérant les productions. Le cas le plus emblématique est bien sûr la Chine qui, en tant qu’État ouvrier déformé, s’est complètement différencié des autres pays en se donnant les moyens d’en tirer avantage sur le moyen terme.

Les bureaucraties syndicales des pays impérialistes, qui depuis des décades freinent ou fourvoient les luttes ouvrières, se sont retrouvées écartelées. En tant que co-gestionnaires des entreprises (et bénéficiaires du système capitaliste), elles ne pouvaient qu’approuvées de telles mesures, mais elles se trouvaient confrontées à leurs bases qui subissaient de plein fouet les effets de ces mesures. Elles essayaient en général d’opposer les ouvriers des différents pays, pointant du doigt les bas salaires, les conditions de travail ou l’interdiction des syndicats, sans même remarquer que ces « mauvais salaires » (du point des pays développés occidentaux) permettaient souvent à des paysans de sortir de la misère noire de leurs campagnes.

Car il n’y a pas de solution dans le système capitaliste. Seule une planification mondiale de l’économie pourra permettre une répartition du travail entre toutes les mains et des conditions de travail et de vie décentes pour tous les ouvriers de la planète. Ce ne sera possible qu’avec le renversement complet du système capitaliste. Les lieutenants ouvriers du capital, que ce soit les bureaucratie syndicales ou les partis ouvriers-bourgeois « de gauche » et leurs rabatteurs d’« extrême-gauche », ne cherchent qu’à maintenir leurs privilèges en protégeant les intérêts de ceux qui les nourrissent, leurs capitalistes nationaux.

Dans ce cadre national imposé par « la gauche » politique ou syndicale, les luttes des classes ouvrières qui cherchaient à arrêter l’hécatombe, le dos au mur, ont échoué. Dans la plupart des pays capitalistes avancés, la classe ouvrière a fortement diminué (la « désindustrialisation ») et les directions syndicales ont perdu leur crédit et la plupart de leurs membres. Dans les pays en développement (hormis la Chine qui doit être traitée séparément), les classes ouvrières sont encore loin d’être organisées au niveau où il le faudrait, même si des progrès ont été faits (malgré les directions syndicales chauvines occidentales).

Si cela peut sembler paradoxal, la réalité oblige à constater qu’aujourd’hui il est très difficile pour les ouvriers, hormis les rares secteurs qui sont encore protégés ou les secteurs hautement qualifiés de l’aristocratie ouvrière, de se mettre en grève. Les risques sont d’autant plus importants que les syndicats sont très affaiblis et que leurs directions ont démontré depuis de longues années qu’elles sont plus préoccupées par les problèmes des patrons que par ceux de leur base.

Le recul de la conscience ouvrière

Ces reculs de la classe ouvrière se sont accompagnés et ont été renforcés par le recul de la conscience de la classe ouvrière. Avec la destruction de l’URSS la classe ouvrière et les opprimés du monde entier ont assisté à l'effondrement soudain d'un pays qu'ils percevaient, malgré ses déformations, comme un rempart contre les attaques des impérialistes. Deux éléments majeurs ont exacerbé les effets de cette défaite mondiale. Le premier fait est que la plupart des directions du mouvement ouvrier, qui avaient soutenu les campagnes antisoviétiques, ont célébré la fin de l’URSS aux côtés de leurs bourgeoisies (et plus on allait vers la gauche plus les cris de joie étaient bruyants). Le deuxième fait est que les bourgeoisies du monde entier, enivrées par leur victoire, ont mené une vaste croisade anti-communiste avec un pilonnage incessant clamant et proclamant que, soi-disant, le « communisme était mort ». Ce matraquage depuis des décennies a eu un impact d’autant plus fort chez les travailleurs que leurs propres dirigeants syndicaux ou politiques (y compris dans la « gauche trotskyste » où certains en ont profité pour se débarrasser de « boulets » comme la « dictature du prolétariat ») y participaient activement.

Combiné aux défaites qui s’accumulaient, l’aspiration et l’espoir qu’une autre société que le capitalisme, une société dans laquelle la classe ouvrière dirigerait, se sont estompés. Les nouvelles générations d’ouvriers se sont retrouvées avec des organisations et des militants qui ne leur offraient plus d’autres perspectives que de se contenter d’essayer d’arracher des miettes dans ce système pourri. Le niveau de conscience ouvrière s’est retrouvé dans une spirale infernale, chutant dans un abyme sans fin. Très vite, des symboles tels que le drapeau rouge ou la faucille et le marteau ont disparu des manifestations, tandis que l'idée du communisme comme seule solution face au capitalisme s'érodait progressivement. Perrault et la LCI, avec leur mantra sur ne pas « se réfugier dans de la phraséologie abstraite sur la révolution » pour être « un facteur vivant », représentent une parfaite adaptation aux résultats de cette croisade sur la soi-disant « mort du communisme » pour rejoindre, sous ce prétexte, les rangs de « la gauche », en se plaçant d’emblée sur l’aile droite de « la gauche socialiste ».

La LCI n’a pas voulu faire face à la réalité

Le niveau de conscience de la classe ouvrière détermine les perspectives générales des révolutionnaires et doit se transposer en termes programmatiques. Si un changement important de perspectives avait été soulevé dans la LCI à une époque pour tenir compte des conséquences de la destruction de l’URSS et de cette baisse du niveau de conscience, il n’a finalement jamais été mis en pratique (n’en déplaise à l’Internationalist Group). S’accrochant à des perspectives plus réjouissantes (mais illusoires) la LCI (comme les différents groupes issus du « courant spartaciste ») a traversé toute la période post-soviétique en continuant à proposer des programmes transitoires quasiment inchangés. Si pour chaque attaque frontale du mouvement ouvrier la LCI répondait avec sa propagande, l’enchaînement des différents reculs des classes ouvrières n’a jamais été étudié et analysé en tant que tel, alors que cela aurait permis une intervention du parti correspondant à l’état réel de ces classes ouvrières. Il en a été de même pour la lente érosion de la conscience ouvrière qui n’a jamais été considérée à sa juste valeur, ni étudiée et reconnue comme il se devait, à aucun moment. La réalité ouvrière s’étant régulièrement et infailliblement dégradée, celle-ci n’a aujourd’hui plus grand-chose à voir avec celle d’il y a 30 ans. C’est ce qui fait que progressivement les programmes de la LCI ont été de plus en plus en déphasage avec la réalité ouvrière et ont, petit à petit, perdu toute pertinence.

Si ce constat semble simple, il est assez stupéfiant de constater qu’aucune organisation dite révolutionnaire ni la LCI n’ont jamais osé reconnaître franchement ce qui était en train de se passer. Pour ses propres raisons, la LCI, comme les autres, s’est voilée la face et a nié cette réalité, refusant de tirer les conclusions programmatiques qui en découlaient.

Recul de la conscience et programme de transition

Le système de revendications transitoires, base du programme trotskyste, a pour but d’établir un pont « partant des conditions actuelles et de la conscience actuelle de larges couches de la classe ouvrière et conduisant invariablement à une seule et même conclusion : la conquête du pouvoir par le prolétariat ». Donc, pour que ce système puisse fonctionner, il est impératif de partir du niveau de conscience réel de la classe ouvrière, et non d’un niveau idéalisé ou fantasmé. Sinon, ce "pont" enjambe la conscience ouvrière. Et plus le niveau de conscience est bas, et plus la question de la prise du pouvoir aura un caractère abstrait et propagandiste. En ne tenant plus compte des besoins réels des ouvriers, les programmes de la LCI se sont transformés en imprécations plutôt qu’en un moyen d’intervenir pour élever la conscience ouvrière.

Aujourd’hui, les groupes "spartacistes" se trouvent dans une grande confusion. Tous considèrent implicitement, et à tort, que la classe ouvrière est en train de se redresser. Tous confondent actions défensives – après des années d’attaques des bourgeoisies – et actions offensives. Une confusion mortelle. Il est par exemple typique que la LTF ait dénoncé les réformistes de LO parce qu’ils osent reconnaître et affirmer que le niveau de conscience de la classe ouvrière en France a reculé (bien sûr cela ne coûte rien à LO qui peut ainsi justifier encore mieux son programme réformiste puisqu’elle n’applique plus le programme de transition depuis fort longtemps). Nous reviendrons dans ce blog sur ce problème crucial de surestimation des possibilités de luttes de la classe ouvrière, à commencer par le mouvement contre la réforme des retraites de 2023 en France -- le pays que nous connaissons le moins mal.

Depuis sa réapparition en 2021, la LCI a clairement rompu avec le Programme de transition. Si les nouveaux dirigeants sont retournés au classique programme minimum-programme maximum (une série de revendications basiques saupoudrées d’appel à la prise du pouvoir ou à la révolution), il semble qu’ils ont opéré depuis plusieurs mois un lent glissement pour se concentrer essentiellement sur le programme minimum (toutes les « phrases » du programme maximum sur la révolution ou le communisme ont été décrétées « abstraites ») saupoudré maintenant de recettes de cuisine sur la combativité.

Recul de la conscience et abandon du programme révolutionnaire

Reconnaître le véritable niveau de conscience des ouvriers, pourtant évident, semble être anathème pour les organisations du « courant spartaciste », en particulier la LCI ou l’Internationalist Group. Reconnaître qu’il est extrêmement bas nous amène à être traités de « pessimistes », de « démoralisés » ou de « défaitistes », cette question étant totalement éludée, par tout le monde. Le cas de la LCI est emblématique. Alors que l’ancienne LCI rappelait régulièrement que le programme de transition est le moyen d’élever la conscience ouvrière (même si ce niveau devenait largement fantasmé), toute référence au Programme de transition a aujourd’hui complètement disparu de la LCI.

Nous reviendrons sur les raisons de l’abandon du Programme de transition par la LCI et ses glissements programmatiques permanents. Mais il est évident que la LCI passant de « combattant de la révolution socialiste » à « meilleurs combattants de la lutte de libération nationale », le Programme de transition n’a plus aucune utilité et devient un boulet. Comme pour toutes les organisations petites-bourgeoises, la classe ouvrière est devenu un simple auxiliaire. Tout ce que lui demande la LCI, c’est au mieux de se battre et de mettre tout son poids pour appuyer et aider « la gauche » (les « sociaux-traîtres » dans les textes de Lénine) à se reconstruire et recouvrer son lustre d’antan ou pour donner un coup de main aux bourgeoisies nationales. Pour la LCI, tout cela représente la première étape d’une future révolution prolétarienne. Rompant avec un siècle de trotskysme, la LCI rejoint le classique étapisme avec lequel, historiquement, la première étape s’est toujours concrétisé, malgré les « promesses », par des défaites plus ou moins sanglantes. Un étapisme concrétisé par la pléthore de « fronts » et autres « pôles » (« anti-impérialistes », « ouvriers », « de défense », etc.).

Nos prédécesseurs (Engels, Marx, Lénine, Trotsky, etc.), ont passé un temps énorme pour appréhender ce qui se passait dans le mouvement ouvrier mondial, ses rapports avec les bourgeoisies, son niveau d’organisation et de conscience, etc., afin d’établir un programme pour pouvoir intervenir efficacement. Sans de telles observations, comme on le voit depuis plus de trente ans, cela n’amène que confusion, démoralisation, et n’aboutit qu’à l’isolement et la dégénérescence.

Les perspectives du parti révolutionnaire ne sont absolument pas les mêmes quand la classe ouvrière va de l’avant en affrontant et défiant les capitalistes (et leurs lieutenants ouvriers) et quand elle subit, le dos au mur et sans direction, leurs attaques. Le paragraphe de Trotsky mis en exergue de ce texte, écrit en 1937 (après les défaites de fronts populaires en France et en Espagne et alors que la guerre en Europe s’annonçait) résume ce qui aurait dû guider la LCI (et l’IBT à l’époque) pour réfléchir et se préparer aux conséquences de la défaite en URSS. L’espoir de lendemains qui chantent, certes plus rassurant et moins déprimant, était de mise et empêchait toute analyse sérieuse de ce qui se passait. Bien sûr, trente ans après, il est délicat de dire précisément ce qu’il aurait fallu dire et faire, surtout que le reflux de la classe ouvrière était irrégulier et étalé sur toute cette période.

Mais le recul que nous avons est un avantage et une occasion pour ré-examiner l’histoire (sans la ré-écrire comme certains le font), et en tirer des leçons.

Bien évidemment cette situation n’est pas éternelle. La classe ouvrière va à un moment donné surmonter ses difficultés. Mais pour la proche période à venir, on se retrouve avec les couches supérieures de la classe ouvrière, l’aristocratie ouvrière et les bureaucrates, qui collent aux basques de la bourgeoisie dite « démocratique ou « nationale ». Une fraction minoritaire de la classe ouvrière, au fur et à mesure que le système capitaliste s’enfonce dans la crise économique et que le personnel politique « démocratique » se retrouve complètement déconsidéré, est désespérée et se raccroche à tous genres de populistes et souverainistes. Quant au reste, il endure, refrène sa colère et se réfugie dans l’attentisme et l’abstention pour survivre.

La défense inconditionnelle de la Chine

La situation présente peut être caractérisée comme l’entrée dans la phase finale du déclin de l’impérialisme US. Beaucoup de monde et d’organisations en parlent. Mais les conséquences présentes et à venir de ce déclin ne sont que rarement appréciées à leur juste valeur. Accéléré avec la grande dépression qui a suivi la crise de 2007-2008, ce déclin s’est traduit par un enchaînement de guerres, de sanctions, de massacres et autres coup fourrés.

L’impérialisme US va s’accrocher

Le déclin de l’impérialisme qui domine le monde sans partage depuis près de 80 ans, ne se passe pas sans soubresauts. Et ceux-ci vont s’accélérer car pour défendre sa position, l’impérialisme US va utiliser tous les moyens à sa disposition pour essayer de continuer à dominer le monde, des moyens qui, dans le monde impérialiste, sont toujours les mêmes : essayer de détruire ceux qui tentent de s’opposer, que ce soit par les guerres économiques ou les guerres tout court. Deux solutions s’offrent à lui pour essayer d’enrayer son déclin. La première est de s’en prendre un peu plus sévèrement aux concurrents impérialistes. Et Trump montre encore plus clairement que lors de son premier passage à Washington qu’il n’hésitera pas. Même si son populisme « MAGA », ses déclarations tonitruantes et grandiloquentes sont en décalage avec la réalité de leur puissance – économique, politique et militaire –, les USA sont encore la première puissance mondiale, avec un pouvoir de nuisance extrême. Des nuisances qui frapperont de plein fouet les pays les moins développés (les « pays de merde » comme en parle Trump), mais qui frapperont aussi les pays développés « amis ». Y compris ceux dirigés ou qui vont être dirigés par les populistes européens qui risquent d’avoir à choisir entre faire payer leurs populations (et se retourner contre elles) ou s’opposer à l’ami populiste Trump. Ce qui est sûr, c’est que la politique isolationniste du « MAGA » ne fera qu’accélérer le déclin de de l’hégémon impérialiste US, ce qui ne pourra être que bénéfique aux opprimés du monde entier (y compris aux USA).

L’autre solution pour l’impérialisme US, un peu plus compliquée chaque jour, serait la destruction de l’État ouvrier déformé chinois, que ce soit économiquement ou militairement. C’est devenu, depuis fin 2011, une claire priorité avec le « pivot vers l’Asie » d’Obama/Clinton. Les tentatives d’endiguement de la Chine se sont intensifiées, d’abord sous Trump 1 qui avait commencé, puis avec Biden qui les a démultiplié, mais sans grand succès et, surtout, sans enrayer le déclin des USA. Ce qui guidera Trump 2 sera, plus que jamais, de tenter de concentrer ses actions sur ce double objectif.

La LCI capitule sur la Chine

La question de la défense inconditionnelle de l’État ouvrier déformé chinois se trouve plus que jamais être la « question russe » d’aujourd’hui. Si la LCI a été à son poste pour la défense de l’URSS (avec des faiblesses sur lesquelles nous reviendrons), il est clair que les dirigeants de la LCI ont déserté le poste par rapport à l’État ouvrier déformé chinois. Leur abandon du programme du trotskysme vis-à-vis de la Chine -- pour un programme similaire à celui de Schachtman vis-à-vis de l’URSS à son départ de la Quatrième Internationale -- est flagrant avec l’abandon du mot d’ordre fondamental de « défense inconditionnelle de la Chine ». Ce mot, « inconditionnelle » n’apparaît clairement, comme pour Schachtman, que quand la LCI parle d’une Chine « vraiment menacée » par l’impérialisme US. Et depuis l’élection de Trump et la « découverte » par Perrault que l’ultra-impérialisme a existé (voire l’« hyper-méga-ultra-impérialisme »), on constate que la LCI a ressorti ce slogan (bien sûr dans le cadre de son « anti-impérialisme nationaliste »). Du point de vue du trotskysme cette position revient à ajouter une condition pour parler de défendre « inconditionnellement » la Chine. Cette position va de pair avec l’abandon de la caractérisation de double nature de la bureaucratie. La seule et unique nature attribuée à la bureaucratie chinoise par la LCI : réactionnaire (résumée par le mantra de Perrault « être dur contre les staliniens »). La défense de la Chine n’est donc plus « « la question russe » d’aujourd’hui, mais une simple position que des réformistes, des « tiers-mondistes » et de nationalistes bourgeois ou petits-bourgeois sont tout aussi capables de prendre ponctuellement.

C’est au cœur de la bête impérialiste, aux USA, que cette rupture de la LCI avec le trotskysme est la plus flagrante et la plus saisissante. La SLUS s’est retrouvée à faire, une nouvelle fois, une « campagne électorale » US (celle de 2024) avec une première page d’un WV qui ne parle pas de la Chine (!) alors que c’était à celui qui aboyait le plus fort contre la Chine entre les chiens impérialistes Démocrates et Républicains. Les militants rescapés de la SLUS ont diffusé sur des piquets de grève un journal et des tracts qui ne parlent pas et n’appellent à la défense de la Chine contre leur impérialisme. La SLUS vocifère contre les directions syndicales, mais jamais sur le fait que celles-ci sont cul et chemise avec les capitalistes US dans les campagnes contre la Chine pour défendre les intérêts de « leurs capitalistes », sauvegarder « leurs privilèges » de bureaucrates pourris et attacher les ouvriers au char de leur bourgeoisie sur la Chine. Dire que la SLUS a fait faillite est le moins qu’on puisse dire. La section états-unienne de la LCI, « historique », qui a encore aujourd’hui le plus de militants, qui vend le plus de journaux, qui remplit les comptes en banque de la LCI et qui détient ses bijoux de famille est, de par sa place « au cœur de la bête », celle dont la trahison est la plus remarquable et la plus répugnante.

Les autres sections ne sont pas en reste. Comme le SpAD, mis en avant par la LCI, qui peut débattre courtoisement avec une organisation (le MLPD) anti-soviétique, ayant soutenu la destruction de la DDR et de l’URSS (aux côtés des impérialistes), qui s’en vante et qui est prête à recommencer contre la « Chine capitaliste/impérialiste ». Et le SpAD proclame le MLPD « anti-impérialiste allemand » et a présenté un candidat pour le MLPD aux élections (qui plus est, comble du cynisme, un militant de DDR gagné à la LCI sur … la défense de la DDR)!

Nous reviendrons très largement sur les positions stalinophobes qu’utilisent aujourd’hui la LCI pour justifier ses capitulations.

Déclin de l’impérialisme US et situation mondiale inédite

Le déclin de l’impérialisme US va déboucher sur une reconfiguration mondiale tout à fait nouvelle et inédite, qui ouvrira une nouvelle période historique. Les nouveaux dirigeants de la LCI pressentent, comme beaucoup, cette nouvelle période. Leur solution pour l’affronter est simple : rompre avec le trotskysme. Comme souvent dans l’histoire du mouvement ouvrier lors de bouleversements dans le monde, la LCI ne déroge pas à la règle en se tournant résolument et fermement vers le révisionnisme et le liquidationnisme. Ils abandonnent le programme révolutionnaire pour de classiques « raccourcis » dont on sait où ils mènent. Dans les pays impérialistes, la tâche principal est de conseiller « la gauche » pour que celle-ci « comble le fossé entre elle et la classe ouvrière ». La LCI voudrait ainsi se faire admettre comme maillon de la chaîne syphilitique du marais réformiste en totale décomposition (et pas le dernier maillon!). Dans les autres pays, leur abandon de la Révolution permanente et leur intronisation de la politique du « front uni anti-impérialiste » (on ajoutera « stratégique », plus précis politiquement) les amènent, là encore comme toute l’histoire du siècle dernier l’a montré, dans les fanges de la collaboration de classes avec les capitalistes nationaux (Philippines) et à exhorter les nations minoritaires, dans les pays multi-nationaux (Iran, Sri Lanka, etc.), à capituler aux nationalistes dominants. Nous reviendrons en détail là-dessus.

Pas de successeur impérialiste aux impérialistes US

Les rivalités inter-impérialistes n’ont jamais cessé, et s’étaient ravivées après la destruction de l’URSS. Mais, comme l’avait expliqué la LCI à maintes reprises, l’impérialisme US a toujours pris un soin méticuleux pour affaiblir ses potentiels rivaux impérialistes (essentiellement allemand et japonais) et assurer sa domination sur le monde et se réserver la part du lion dans son pillage. Le dernier coup qu’il a porté à l’impérialisme allemand avec la guerre en Ukraine en est une parfaite illustration, la destruction du Nordstream 2 ayant été, de ce point de vue, particulièrement judicieux et efficace.

En s’accentuant, une des conséquence de ce déclin de la première puissance impérialiste mondiale va entraîner un gros chambardement mondial. Cela avait été aussi le cas quand l’impérialisme anglais avait entamé sa phase finale de domination mondiale. À l’époque l’impérialisme US, dans les deux « guerres mondiales », avait habilement pris le soin de laisser ses concurrents s’étriper et se massacrer avant d’intervenir. La deuxième, où il avait su anéantir lui-même son rival japonais, lui a permis de prendre la place de l’impérialisme anglais en plantant les derniers clous de son cercueil.

Maintenant son heure est arrivée, mais ce n’est pas un autre impérialisme qui plante les clous de son cercueil étant donné qu’aucun autre impérialisme n’est en capacité de prendre sa place (vu leur état politique, économique et militaire) D’autant plus que dans sa déchéance l’impérialisme US va s’en prendre à ses rivaux pour essayer de sauver sa peau. Que ce soit avec Biden ou le MAGA de Trump (même si les deux fractions de l’impérialisme US n’ont pas la même approche), il n’est plus en capacité de réitérer, contre la Chine, le bloc anti-soviétique.

La Chine comme pôle

De ce chaos va émerger comme principale pôle économique et militaire l’État ouvrier déformé chinois. Ce sera la première fois dans l’histoire qu’un État ouvrier sera face à des impérialistes affaiblis, divisés, déconsidérés dans la plupart des pays du monde et peu à même de se rassembler. Cette situation ne remet pas en cause la théorie marxiste et ni les analyses trotskystes. Ce sera une configuration nouvelle qui n’avait jamais pu être envisagée auparavant. Parce que la situation ne s’y prêtait pas (Angleterre puis USA dominaient pendant l’existence de l’URSS). Parce que l’émergence de la Chine, relativement récente, n’a jamais été considérée et caractérisée correctement politiquement par qui que ce soit, en particulier par toutes les organisations qui considèrent la Chine comme « capitaliste », complètement à côté de la plaque et en totale contradiction avec la théorie marxiste, ou que ce soit par celles qui soutiennent politiquement la Chine (staliniennes, nationalistes, etc.).

La TSI/LCI a aussi eu des difficultés avec le développement de la Chine, surtout quand celui-ci s’est accéléré. Elle a commencé à osciller sur la nature de la bureaucratie, souvent pour la voir essentiellement comme restaurationniste. Si la bureaucratie prône le socialisme dans un seul pays et la coexistence pacifique, c’est la nature ouvrière de l’État (même déformé) qui a permis le développement économique, scientifique ou technique chinois, des progrès dont les ouvriers, les paysans, les femmes, les jeunes et toutes les minorités ont pu bénéficier. Bien sûr développer ces positions trotskystes entrerait en contradiction avec la nouvelle tâche centrale de la LCI qui est de conseiller « la gauche » virulemment « anti-Chine ». Pour satisfaire ses appétits, la première étape pour la LCI est de rompre avec le programme trotskyste qui exige une lutte intransigeante contre toutes ces organisations qui ne sont que les maillons cherchant à enchaîner la classe ouvrière à ses maîtres capitalistes.

La destruction de l’État ouvrier déformé chinois va devenir une question de plus en plus ardue et problématique pour l’état-major et le personnel politique US. Les pays candidats à une guerre par procuration contre la Chine au profit des USA sont en train d’examiner à la loupe les résultats de la guerre par procuration – perdue -- menée par les USA en Ukraine. Les ardeurs anti-communistes risquent quelque peu de se refroidir, surtout que la Chine n’est pas tout à fait dans la même catégorie que la Russie, que ce soit au niveau économique et industriel, au niveau de sa population et de sa cohésion, au niveau de son armée, au niveau de sa situation géographique, etc. De plus les gouvernements des pays les plus va-t-en guerre qui pourraient éventuellement s’engager auprès de l’armée US (Corée ou Japon par exemple) ne bénéficient pas particulièrement ni d’un soutien de leur population, ni d’une perception favorable de leurs collègues en Asie, ni d’une économie florissante alors qu’ils sont susceptibles d’être touchés par la vague MAGA de leur collègue Trump.

Le temps joue en défaveur de l’impérialisme US, même si celui-ci a bénéficié (et bénéficie toujours) de la politique historique de coexistence pacifique de la bureaucratie chinoise qui n’a jamais cherché à affaiblir l’impérialisme US (ni aucun autre) de l’intérieur en appelant la classe ouvrière US à se mobiliser contre sa bourgeoisie. Et malheureusement, avec la rupture avec le trotskysme de la LCI, la classe ouvrière états-unienne vient de perdre le plus important embryon de parti révolutionnaire qui aurait pu la préparer à ses tâches historiques.

Un tournant historique pour les prolétaires états-uniens

Dans un article écrit en 1885 (reproduit dans la préface pour l’édition allemande de 1892 de « La situation de la classe laborieuse en Angleterre ») Engels commente les tout premiers débuts du déclin du monopole industriel anglais, avec des premières conséquences comme l’arrêt des affaires, la stagnation et la misère pour les travailleurs. Et il explique ce qu’il pense qu’il va se passer pour la classe ouvrière : « La vérité, la voici : tant que le monopole industriel anglais a subsisté, la classe ouvrière anglaise a participé jusqu'à un certain point aux avantages de ce monopole. Ces avantages furent très inégalement répartis entre ses membres ; la minorité privilégiée en encaissa la plus grande part, mais même la grande masse en recevait sa part, du moins de temps à autre et pour une certaine période. Et c'est la raison pour laquelle il n'y a pas eu en Angleterre de socialisme depuis la mort de l'owenisme. Avec l'effondrement de ce monopole, la classe ouvrière anglaise perdra cette position privilégiée. Elle se verra alignée un jour, - y compris la minorité dirigeante et privilégiée - au niveau des ouvriers de l'étranger. Et c'est la raison pour laquelle le socialisme renaîtra en Angleterre. »

Ce raisonnement peut parfaitement être appliqué aux USA (et, toutes proportions gardées, à tous les autres pays impérialistes). Le ralentissement du pillage impérialiste du monde (et des miettes distribuées à l’aristocratie ouvrière) ouvrira peut-être la possibilité historique de voir enfin la classe ouvrière US décoller des intérêts de sa bourgeoisie et commencer à utiliser sa puissance contre elle. Et les révolutionnaires doivent se préparer et préparer une éventuelle avant-garde ouvrière à ces moments qui risquent d’être fort douloureux.

Que ce soit à ce moment précis que la direction de la SLUS/LCI effectue son tournant final et fatal d’abandon du trotskysme n’a absolument rien de surprenant. Face au maelström qui s’annonce, la LCI voit l’histoire lui « mordre la nuque » et, comme les pablistes au début de la Guerre froide, commence par liquider le programme révolutionnaire et abandonne la boussole marxiste pour un moyen d’orientation beaucoup plus éprouvé pour satisfaire ses appétits : le doigt mouillé, mieux à même de s’orienter selon les vents dominants de « la gauche » et des « bourgeoisies nationales ».

Vers un monde « multipolaire » ?

Le déclin US signifiera pour lui de plus en plus de difficultés à piller la planète entière et un affaiblissement des autres impérialismes. Les impacts de cette situation nouvelle seront nombreux et difficiles à prédire. Les pays qui ont été sous la domination directe des impérialistes et se sont faits piller pendant des décades ou des siècles retrouveront un peu de liberté d’action et une petite marge de manœuvre. Ils pourront mettre la main sur une partie des ressources qui finissent actuellement dans les banques occidentales. Les bourgeoisies nationales (ou les militaires) se retrouveront plus fragilisées par rapport à des populations qui, du fait de la reculade des impérialistes, relèveront un peu la tête pour exiger sans doute plus. Ce seront des ouvertures pour la classe ouvrière. Il en ira de même pour tous les autres pays capitalistes non impérialistes. Dans les pays impérialistes, comme l’indique Engels, la baisse du pillage du monde signifiera pour les classes ouvrières que leur « position avantageuse » reculera pour s’approcher de celle des ouvriers du reste du monde. On peut espérer que la combativité ouvrière se développera soit pendant la vague nationalo-protectionniste soit après.

On peut voir tous ces phénomènes se mettre en place aujourd’hui à toute petite échelle. Par exemple dans les néo-colonies africaines de l’impérialisme français où l’armée française se fait virer, sans que l’impérialisme français n’y puisse rien (ni aucun autre d’ailleurs). Avec une bonne partie de la population fêtant ce départ, les régimes militaires en place savent que leur marge de manœuvre est très limitée, tout échec de leur part se traduirait par un retour douloureux d’autres militaires que les impérialistes, français ou autres, s’empresseraient de propulser. Dans les pays impérialistes, on a aussi les prémisses de ce qui va arriver avec le secteur automobile (constructeurs, équipementiers, etc.) où ce sont des centaines de milliers d’emplois qui vont tomber et où on peut observer le positionnement et l’impuissance de « la gauche » (y compris son extrême) et des bureaucrates syndicaux.

Ce qui sera vital à ce moment sera une organisation révolutionnaire. Car toutes les vieilles directions moribondes du mouvement ouvrier (ou les nationalistes en tout genre) qui ont mené en bateau les ouvriers essaieront, comme toujours, de confiner les ressentiments et les mouvements dans le cadre capitaliste. Toutes les organisations dites révolutionnaires ou trotskystes qui depuis des décennies ont servi et servent de rabatteurs et de marche-pied aux lieutenants-ouvriers officiels de la bourgeoisie tenteront à nouveau de jouer leurs partitions mortifères. C’est à ce moment que « le programme des revendications transitoires prendra une actualité brûlante » (« Programme de transition »). Ce sont ces moments qu’il faut commencer à préparer pour que la nouvelle génération de militants puisse éviter les pièges que les capitalistes et leurs larbins « de gauche » en tout genre tendront pour essayer de retarder l’échéance et de mener les ouvriers à l’échec.

Un axe de programme transitoire important du parti révolutionnaire pour guider la classe ouvrière sera de lui faire tirer les leçons que le capitalisme décadent est incapable d’apporter une vie et un monde décents. Cela n’est possible qu’avec une économie planifiée mondialement. Mais pour cela il est nécessaire de renverser les capitalistes, non seulement de son pays, mais aussi tous les capitalistes des autres pays en s’alliant avec les autres classes ouvrières. Pour y arriver il faudra régénérer (et, la plupart du temps, reconstruire) les organisations du mouvement ouvrier sur des bases révolutionnaires. C’est ainsi que la classe ouvrière pourra évoluer d’une classe en soi à une classe pour soi.

Pour la Chine (et les autres États ouvriers déformés), les pressions changeront. Les petits-bourgeois ou les capitalistes attirés par la « démocratie occidentale » ou les réactionnaires en tous genres (religieux, nationalistes, etc.) soutenus par les impérialistes, tous ces individus vont avoir l’herbe coupée sous les pieds. Le danger restaurationniste en prendra un bon coup, et quelques années seront gagnées, ce qui sera une bonne chose. Si on peut envisager un renouveau des luttes dans le monde capitaliste, avec des impérialistes en recul, on pourrait envisager que la classe ouvrière chinoise puisse commencer à remettre en question la politique de coexistence pacifique, cherche à se joindre à ses frères des pays capitalistes, remette en cause la gabegie que représente le « socialisme de marché » et pose le problème d’une planification ouvrière, non seulement en Chine, mais au niveau mondial. De telles remise en question polariseront immédiatement la bureaucratie et l’APL.

Mais que ce soit en Chine ou dans le monde capitaliste, le problème du niveau de conscience des ouvriers, reste et restera la question centrale à résoudre. Après des décades de reculs et de défaites dans le monde capitaliste et de domination stalinienne en Chine, cette nouvelle période historique permettra certainement des ouvertures, avec de nouvelles couches de militants qui apparaîtront. La question sera de leur réapprendre les bases du marxisme, que la perspective doit être l’établissement d’une société communiste, sans classes. Même si les anciennes organisations, avec leurs décades de trahisons, seront affaiblies et assez déconsidérées, il faudra une lutte acharnée des révolutionnaires pour les empêcher de détourner à nouveau cette nouvelle génération dans les impasses du réformisme. Même de faibles forces révolutionnaires pourraient, dans ces circonstances, trouver le chemin de l’avant garde des ouvriers, le programme des revendications transitoires devenant plus que jamais d’une actualité brûlante et acquérant une puissance démultipliée.

La quasi disparition des trotskystes, les seuls capables de faire ce travail, est un véritable problème. Une rupture de continuité serait une terrible épreuve. Le maintien d’un fil de transmission, même ténu, le maintien de la clarté idéologique et des principes sont plus qu’une nécessité. Nous n’avons que de dérisoires ressources et ne pouvons qu’essayer d’aider à maintenir et préserver ces principes, à commencer par tenter de comprendre pourquoi la TSI/LCI a échoué.

Septembre 2025